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Interview SebCharlier

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Message  JersiMuse Lun 25 Avr 2016 - 21:34

Il y a une interview de Sébastien Charlier tout à fait intéressante dans le dernier Groove Tendances (Magazine sur iOS) :
https://itunes.apple.com/fr/app/groovetendances/id468433081?mt=8

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Message  Musashi Mar 26 Avr 2016 - 1:56

Et il y a pas une alternative pour les hipsters qui ne veulent pas installer de produit apple ou s'inscrire sur facebook ? Embarassed
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Message  JersiMuse Mar 26 Avr 2016 - 2:02

Je crois que non, il me semble que c'est un magazine présent uniquement dans la pomme.

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Message  luc.favaro Mar 26 Avr 2016 - 2:50

Alors tant pis.
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Message  P'tit Fred Sam 30 Avr 2016 - 0:09

luc.favaro a écrit:Alors tant pis.

idem pour moi, c'est dommage ! Sad
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Message  D³ Dim 1 Mai 2016 - 4:36



après la sorti de l'album "precious time" unanimement salué par la critique, nous avons profité de notre entrevue avec l'harmoniciste sébastien charlier pour en savoir un peu plus sur l'homme mais aussi sur ses futurs projets et le second volet de son premier opus.

Par Alexandre
Bonjour Sébastien et bienvenue à toi sur Groove-Tendances ! Avant dans rentrer dans le vif de ton actualité pourrais tu nous en dire plus à ton sujet, et plus particulièrement de ce qui t'a amené à la musique et à l'harmonica ?
Bonjour Alexandre, et merci de m'accueillir ici ! La présentation est toujours pour moi la partie plus difficile, que dire ? 1,83m type caucasien, etc. J'ai commencé l'harmonica sur les bancs du lycée, à cette époque je l'emmenais partout, je suppose au grand désespoir de mes camarades. J'écoutais surtout de la pop anglaise, du rock progressif et Bruce Springsteen, loin d'écouter les style de prédilection de l'instrument qu'étaient le Blues et la Country. Je parle à l'imparfait car il me semble que les référents ont quelque peu changé: les élèves et joueurs que je rencontre ne viennent plus nécessairement à l'harmonica pour jouer cela ou parce qu'ils en ont entendu dans ce contexte, même s'il reste de nombreux aficionados. Il suffit que Shakira "soufflote" trois notes pour que de nouvelles vocations s'éveillent. Plus sérieusement, l'instrument n'est plus confiné dans un genre spécifique, le niveau technique moyen de l'amateur passionné a considérablement augmenté au cours des deux dernières décennies, cela lui permet de s'essayer à tous les styles de musiques qui lui correspondent, les limites semblent explosées depuis un bon bout de temps maintenant. Puis à la Fac, Je rencontrais des musiciens de Jazz, de Rock et des deux à la fois, qui me firent confiance et qui m'incitèrent à m'intéresser plus à la musique qu'à l'instrument, de toute façon ils ne le connaissaient pas. Ils m'aidèrent considérablement et ce fut une période vraiment enthousiasmante et très riche d'enseignement. Et même si je continuai jusqu'au DEA (philosophie, Sorbonne etc.), je savais la place qu'occupait dorénavant la musique, il n'était plus envisageable que j'accepte de faire autre chose.

Quelles étaient tes influences musicales lorsque tu as décidé de faire de la musique ton métier ?
Je n'écoutais pratiquement plus que du Jazz/Rock, de la Fusion, un peu de Bop quand même et toujours Springsteen. Le guitariste Nicolas Espinasse que j'avais rencontré en première année de Fac me fit découvrir l'album "Secrets" d'Allan Holdsworth, et ce fut ma révélation (puisqu'il en faut une) ! Et ma conversion ? Une double conversion si l'on peut dire avec un Holdsworth hors norme qui ne cesse de me rappeler ce que l'exigence a de si bon et Nicolas avec qui je joue toujours et qui a justement réalisé l'album de Fusion Precious Time dont nous parlerons peut-être.

En tant qu'harmoniciste tu dirais que tes débuts ont été plutôt faciles professionnellement parlant de part l'originalité de ton instrument, ou à contrario plutôt difficile ?
C'est plutôt amusant d'y repenser car au final j'ai commencé par gagner ma vie en faisant soit des concerts d'harmonica, soit en jouant du Blues, du Rock ou de la Country dans des bars, bien loin de mon exigence "Jazz/Rockeuse". Il y avait bien quelques séances de studio sporadiques plutôt orientées "variété" et je faisais bien quelques concerts avec des musiciens "sensibles" au Jazz mais globalement j'en étais loin. En revanche dans ma chambre ça tentait des trucs, ça c'est sûr ! Il y avait très peu d'harmonicistes diatoniques confirmés. Jean-Jacques Milteau était le plus connu, la star des harmonicistes tout terrain, il a beaucoup apporté à la crédibilité et à la visibilité de l'instrument. On se dit souvent que s'il y a moins de concurrent il y a plus de travail, c'est partiellement juste, le plus difficile n'a jamais été de convaincre qu'il y avait un autre numéro de téléphone à appeler au cas ou Jean-Jacques ne serait pas disponible. Bien plus complexe est de faire en sorte que l'on pense à cet instrument, qu'on en ressente le besoin et que l'on fasse finalement appel à un harmoniciste. Personnellement j'ai toujours admiré JJM et il comprit rapidement que je prenais la voie escarpée du diatonique chromatisant (disons pour faire court du fait de jouer dans toutes les tonalités sur un seul harmonica diatonique) alors ce ne fut pas un problème d'essayer de trouver sa place dans ce micro monde.



Il me suffisait de travailler dur pour proposer autre chose afin que cela ne rentre pas en concurrence. Tout d'abord je lisais (la musique), plutôt mal à l'époque mais suffisamment pour faire des vacances à quelques arrangeurs soucieux de cet outil. Certains me rappelaient sûrement aussi pour cette raison, je leur faisais gagner du temps en jouant sur leur terrain. Et puis je pouvais jouer sur des grilles tordues en gardant un son d'harmonica diatonique ? Evoluant de plus en plus dans le milieu du Jazz, les rencontres se firent plutôt ponctuelles et rares, au fil de ce précieux temps de gestation forcée, disons dix ans de balbutiements jusqu'au moment où Didier Lockwood m'entendit jouer quelques standards que j'avais l'habitude de jouer avec Nicolas (Spain, Giant Steps, Donna Lee, etc). Il me donna le numéro de Benoît Sourisse avec qui je bossais plusieurs mois sur un premier album solo et Didier me parraina en me produisant pour son label Ames. Le résultat s'appela Diatonic Revelation, distribué par Harmonia Mundi (avec André Charlier à la batterie, Marc-Michel Le Bevillon à la contrebasse et Benoît Sourisse aux piano et fender rhodes, Didier venant en invité sur un titre) plusieurs dizaines de concerts dans un milieu essentiellement Jazz, un agent, un concert d'envergure à l'Olympia pour les 50 ans de Didier où je croisais notamment Alain Caron avec qui nous enregistrerons Precious Time quatre ans plus tard. Bref certaines rencontres vous mettent sur le chemin, à vous de le parcourir.

Contrairement à d'autres instruments comme le piano ou la guitare, ça ne doit pas être de tout repos de trouver un prof d'harmonica. Comment s'est passé ton apprentissage de l'instrument ?
Il n'y avait tout simplement pas de professeur lorsque j'ai commencé au milieu des années 80. Je suis autodidacte et ai découvert la technique instrumentale tout seul dans ma chambre à l'aide d'albums ou figurait de l'harmonica et surtout à l'aide de tournevis et d'ustensiles m'aidant à régler au mieux mon "petit" harmonica, car j'étais tombé, par hasard, sur quelques notes censées être impossibles à jouer sur le papier et sur un harmonica en Do. Quelques anches avaient dû se dérégler à force de jouer, et l'angle d'inclinaison des lamelles par rapport au plan que représente la plaque avait diminué. Je poussais la curiosité et découvris que ce réglage (que je pensais être un déréglage) pouvait me profiter et me donner accès au chromatisme complet sur l'instrument. J'appris plus tard que d'autres joueurs utilisaient ces notes et fut finalement rassuré, je ne marchais donc pas tant sur la tête que cela.

Tu es tellement impliqué dans ce que tu fais que tu as même poussé jusqu'à monter tes propres méthodes instrumentales. Qu'est-ce qui selon toi est primordial dans l'approche de l'harmonica et quels sont les écueils à éviter pour le travailler efficacement ?
Autant partager l'expérience, mon côté Socrate peut-être, quoiqu'il en soit l'instrument est difficile alors mieux vaut qu'il y ait des indications, des méthodes. Le petit monde de l'harmonica est assez généreux sur la toile à ce sujet. Il y a une prolifération de conseils en tout genre, malheureusement parfois allant dans le sens opposé du bon sens et ne permettant pas au joueur d'utiliser pleinement l'instrument. C'est souvent la méconnaissance des enjeux physiques des altérations jouables sur l'instrument. Sans rentrer dans de la technique pure, tant que l'on ne sait pas ce qui se passe dans l'instrument pour faire tel ou tel son, c'est plutôt hasardeux d'être sur le bon chemin, mais pourquoi pas. Je propose juste, lors des stages "masterclass" et méthodes papiers ou vidéo, d'éclaircir tous les éléments en jeu lors de l'obtention des notes, de la colonne d'air au principe physique des anches libres en passant par le positionnement de la langue afin de varier suffisamment la pression pour entendre de nouveaux sons. Tout cela s'explique très bien, même si l'instrument n'est pas visuel. Et même si chacun possède une cavité buccale différente les enjeux sont les même pour tous.

Après reste le principal: la musique. La pratique instrumentale doit toujours se faire si possible dans l'espoir de créer de la musique, d'agencer les sons selon une intention claire. C'est facile à dire mais pour un harmoniciste souvent soucieux en premier chef de son "son", il ne va pas de soi d'en mettre une dedans et de suivre une grille autrement qu'en enfilant des plans appris par cœur. Nombreux joueurs dans ce cas estiment que l'harmonica génère un son type structurellement donné, c'est tout simplement un déni de la réalité. C'est justement un instrument à vent qui possède une palette de sons considérables et qui peut sonner complètement différemment selon les chemins empruntés pas les joueurs, c'est une véritable force et mine d'or qui invite à aller de l'avant et à sortir des clichés. Mais c'est clairement le niveau rythmique et harmonique qui reste le maillon faible chez l'harmoniciste. L'écueil principal selon moi est d'oublier la musique. Pour le reste il existe une multitude de chemins.

Tu évolues dans le domaine de la FUSION mais n'as-tu pas l'impression que bientôt ce mot sera vidé de son sens ? La musique étant elle-même le fruit de plusieurs influences, métissages, qu'est-ce qui pourrait bien encore distinguer les "autres musiques" de ce style musical ?
Dans ce cas tout peut être vidé de sens. Que signifie encore le mot Jazz ? Bien plus que le métissage et les influences qui furent jadis Jazz, Rock, World, Pop etc. ce que je retiens de la Fusion c'est un engagement dans le son (électrique le plus souvent) avec une énergie et un "jouage", une virtuosité des musiciens à l'égale de leur exigence de sophistication se mêlant au plaisir instinctif du jeu, qui font osciller les musiciens de fusion entre facilités techniques et pépites insoupçonnables. Il y a bien des idiomes de ce style, qui lui confère un sens. Bien sûr il y a l'image enfantine d'un musicien qui jouirait de voir jouer facilement des traits qui semblent impossibles pour la grande majorité des joueurs. Un côté taquin, viril également, guerrier, qui peut déplaire je le conçois volontiers, mais surtout un côté jubilatoire. Ces aspects de la fusion sont moteurs et poussent les joueurs à rester exigeants sur la mise en place et leur sens du phrasé tout en gardant un côté instinctif et parfois même sauvage, une curieuse équation qui a suscité bon nombre de vocations chez les musiciens nés dans les années 70 et qui a eu son heure de gloire. Maintenant tout n'est qu'une histoire d'influence, on parle encore de Fusion car on ne saurait décrire exactement ses enjeux évoluant selon les musiciens et leurs influences. Fusion est certainement le dernier terme possible afin de faire perdurer les dinosaures du Jazz/ Rock. J'aime les dinosaures, ils m'ont donné envie de faire de la musique, j'aime les musiciens qui ont repoussé ou repoussent encore les frontières et se moquent éperdument des catégories, ils font juste la musique qu'ils aiment, les autres en parlent (ou pas). Certes le niveau technique de ces acteurs du genre est souvent impressionnant (pas toujours du reste) mais le style Fusion (ou le terme qu'on voudra bien utiliser) s'en accommode fort bien et serait bien différent si la majorité des musiciens s'y adonnant n'étaient pas des instrumentistes émérites. Dans tous les cas, comme le dit Alain Caron, "la fusion, on est en plein dedans !".




Après des albums très remarqués comme "Impasse des Mousserons", "Just Jazz", "Diatonic Revelation", c'est l'album "Precious Time" qui va sortir en 2010. Fusion à souhait (c'est comme ça que je les aime personnellement), j'ai toujours été étonné par la facilité avec laquelle tu parvenais à faire le grand écart entres les styles que tu as toujours abordé. Du Rock au Blues en passant le jazz et la Fusion, ça fait mouche à tous les coups ! Peu nombreux sont les artistes à pouvoir réussir ce tour de force. Alors finalement quelle est ta recette maison pour te transformer en caméléon de la musique ?
C'est gentil, merci pour ta bienveillance. Je me contente de faire la musique que j'aime, quelque soient les époques. Il n'y a jamais de calcul, si ce n'est de m'approcher constamment de ce qui m'a donné envie de faire de la musique, d'ou le côté Fusion de Precious Time et de sa suite que nous sommes en train de mixer avec Nicolas Espinasse. Si la Fusion résonne avec connexions, influences, métissages, alors j'ai peut-être bien fait de me pencher sur le bop, le manouche, le Rock etc, non ?

On retrouve sur cet album une très belle brochette de musiciens. Comment s'est passée la création de cet album et qu'est-ce qui a motivé tes choix quand à la distribution des artistes qui figurent sur ce CD ?
Le casting a été le plus simple, je souhaitais bosser avec Nicolas Espinasse puisque nous avions quasiment commencé la musique ensemble. Ce qu'il joue à la guitare m'a toujours influencé, et sa manière de réaliser les albums m'impressionne alliant exigence et efficacité. Je souhaitais également un acteur majeur de la Fusion à la basse, j'avais justement rencontré Alain Caron lors de l'Olympia de Didier Lockwood. On avait dîné ensemble lors du catering regroupant tous les musiciens invités par Didier, j'avais pas mal de question sur sa période Uzeb et sur la transition vers sa carrière solo, c'était passionnant de l'entendre raconter l'épopée résumée en quelques minutes, j'étais comme un enfant en l'écoutant. Je me nourrissais plutôt deux fois qu'une. Il a écouté quelques maquettes pour se décider et m'a répondu très rapidement.



Quant à Curt Bisquera, batteur phare de Los Angeles je l'avais vu et entendu sur de grosses productions, un son énorme et une précision hors du commun, il accompagnait souvent des stars de la Pop. A l'époque c'était encore Myspace et non Facebook, je découvrais sur son profil un univers personnel bien plus teinté de Fusion. Je l'ai contacté et il m'a répondu immédiatement une fois les mp3s maquettés envoyés. Tout s'est passé assez naturellement en fait. L'écriture fut assez rapide car nous étions en huis clos avec Nicolas dans son studio pendant de nombreux jours et nuits. Nous prenions le temps qu'il fallait. Nos emplois du temps respectifs ont fait que nous avons opté pour plusieurs sessions d'une semaine. De toute façon je comptais enregistrer mes parties chez moi, prendre le précieux temps également, ne rien laisser au hasard, enfin pour autant que cela soit possible. Nous avons ajouté une couche clavier à la fin grâce à l'expérience et la collection impressionnante de synthés vintage de Jean-Philippe Lajus, et demandé à l'ami flûtiste à bec Benoît Sauvé de venir sur un titre pour tirer le fer ? Il joue comme Brecker mais sur une flûte à bec.

J'ai entendu dire que "Precious Time" n'était finalement que le premier opus d'une trilogie. Quelle sera la continuité et donc le lien qui existera entre les 3 "épisodes" ?
Oui nous mixons la suite en ce moment. L'épisode 1 faisait appel au Jazz/ Rock de mon enfance, cette fois c'est un peu plus Fusion que Jazz/Rock, moins de clavier également (presque pas en fait). C'est certainement plus personnel et moins axé sur le côté tribute du premier. Il y a plus de "jouage" également.

Parlons un peu matériels: sur quels harmonicas joues-tu et pourquoi avoir fait ces choix?
Je joue sur les harmonicas de la marque Hohner, lutherie Raymond Brodur. Ce sont en fait des plaques de Golden Melody avec des sommiers et capots en bois précieux qui assurent une glisse sans égale et un rendu acoustique éloigné du Golden puisque plus flatteur dans le haut medium. Le rendement de ces plaques avec ces sommiers et ces capots, que ces derniers soient en noix de Tagua (ivoire végétale), en cocobolo, en os, est démultiplié: Homogénéité et puissance. Je règle ces harmonicas afin que toutes les notes puissent être obtenues avec le plus de confort possible. C'est également ce que je propose sur les signatures de la boutique en ligne de mon site.

As-tu des rapports privilégiés avec certaines marques pour développer des produits ?
Je suis en partenariat depuis des années avec Hohner, je n'ai cependant pas de développement spécifique en cours avec la marque. En revanche nous travaillons activement sur plusieurs modèles avec Raymond Brodur, j'ai parfois besoin d'un harmonica qui n'a pas d'ouïe sur les côté, ce qui favorise le retour d'air et la technique de l'Air Blocking consistant à déclencher des notes soufflées et aspirées à la fois. Parfois j'ai besoin d'un harmonica grave qui ne sonne pas " mou " et qui peut se jouer comme un C etc. En fonction de tous les critères possibles, Raymond relève le challenge. Lorsque nous estimons que le boulot peut permettre au passionné de se sentir plus confortable dans tel ou tel secteur nous le proposons en ligne sur mon site.

Pourrais-tu nous parler de ton set d'effets lorsque tu joues "électrique" ? à la manière d'un guitariste je suppose que tu dois essayer toutes les combinaisons possibles et imaginables pour atteindre une certaine couleur non ?
J'ai longtemps cherché, je l'avoue. Et puis juste avant les enregistrements de Precious Time, tout s'est précipité, j'ai trouvé un son qui devait me permettre enfin de m'engager en Fusion comme n'importe quel autre instrument électrique, en utilisant finalement la chaîne habituelle des bluesmen modernes mais en ajoutant une Fuzz et un Octaver afin d'éclaircir un peu, tout en étant une octave en-dessous. De manière plus ponctuelle je peux utiliser un son d'orgue, n'importe quels Plug-ins ou pédales traditionnelles le fait très bien, c'est bien plus facile à créer que le son "precious". Pour Precious 2 je pense avoir su affiner le son à l'octave et proposer également une sonorité proche de celle utilisée par Holdsworth lorsqu'il utilisait le Synthaxe, ainsi qu'un effet qui permet de slider les sons entre eux, indépendamment des slides structurellement possibles sur l'instrument. Cela donne un instrument qui pourrait tout à fait s'inscrire dans la musique indienne. A chaque fois j'ai tendance à détourner la fonction première de la pédale ou effet utilisé. C'est comme cela que je suis parvenu à des sonorités qui me semblent idoines dans le style.

Contrairement à certains irréductibles du tout hardware, tu utilises tout aussi bien des effets physiques que des plug-ins via un ordinateur portable. Alors en terme de qualité sonore, arrives-tu aux mêmes fins qu'avec une pédale standard, ou penses-tu que le plug-in ne soit finalement qu'un ersatz d'effet plus ou moins bien réussi ?
J'utilise les deux conjointement donc je ne me rends pas bien compte de la pertinence de l'un sans l'autre. C'est en associant plugs et pédales que je suis parvenu à entendre ce que je souhaitais en terme de rendu. Donc je ne me pose pas la question, je l'avoue. Le seul ennui c'est finalement l'Octaver car il doit être de grande qualité et qui contraint à jouer un peu plus sur l'octave aigue de l'harmonica, la plus exigeante.




Dernièrement tu as sorti un nouvel ouvrage (Precious Box) qui se démarque radicalement de ce que tu avais pu publier auparavant. Pourrais-tu nous parler de ce projet et de ce qui t'a poussé dans cette direction ?
Cela faisait plusieurs années que je me disais qu'il pourrait être utile de regrouper les différentes informations auxquelles j'avais eu accès depuis mes début pour parvenir à improviser sur de la musique de Jazz, que ce soit en bebop ou en fusion, et même en Blues pour toutes celles et ceux qui souhaitent augmenter leur champ des possibles, leur vocabulaire. Comment s'y prendre ? Prétextant les morceaux de Precious Time, La Precious Box s'en sert afin de proposer des passerelles entre ce que les harmonicistes connaissent déjà, leur propre expérience et la mienne. Il fallu du temps, dégager de vraies leçons sur chaque morceau, en sus des relevés de chaque solo et d'une boite à outil permettant à chacun de (re)découvrir les enjeux de l'improvisation sous forme d'exemples, de tableaux explicatifs etc. L'harmonie est souvent le parent pauvre de l'harmoniciste, j'ai donc passé beaucoup de temps à essayer d'éclaircir ces points théoriques. Il fallait pour cela que le lecteur puisse entendre les différentes options et couleurs dont il est question tout au long de l'ouvrage, aussi ai-je enregistré un maximum d'exemples audio présents sur une clé USB qui a le mérite de ne pas être limité à 99 plages.

C'est un ouvrage conséquent qui représente pas moins de 240 pages et qui propose des dizaines d'exemple audio. C'est certainement un ouvrage qui fera référence auprès des harmonicistes en passe de vouloir franchir un cap. Alors que beaucoup d'autres instruments ont eux aussi leurs ouvrages spécialisés (je pense au piano mais il y a aussi la guitare, etc..), étrangement, tu es le premier à offrir un tel contenu pédagogique. Serais-tu le seul brave à vouloir faire avancer les choses en ce qui concerne l'harmonica ou rares sont les pédagogues à avoir une telle vocation ? ;-)
Je ne suis pas sûr que cela s'apparente à de la bravoure ou à une vocation. C'est juste que j'essaie d'expliquer au mieux selon mes moyens tout ce qui m'a amené à pouvoir jouer avec des musiciens de Jazz dans un contexte professionnel, sans devoir justifier de quoi que ce soit au niveau du phrasé ou des impossibilités/ possibilités de l'instrument.

Tu as été un acteur clé de ton instrument car tu as su repousser ses "limites" en développant une technique de jeu qui s'appelle "l'Air Block". Pourrais-tu nous donner quelques éclaircissements à ce sujet ?
Un acteur clé ? oula si c'est le cas j'espère que ce ne sera pas juste pour l'Air Block. A partir du moment où l'on a toutes les notes sur un instrument dont l'accordage permet de s'illustrer quelque soit les modes utilisés, les limites ne sont plus que dans la tête. Le fait de déclencher des notes soufflées et aspirées simultanément (principe de l'air block possible sur un harmonica étanche et sensible au retour d'air), en envoyant de l'air par l'arrière de l'instrument et en bloquant en amont les chemins non désirés (avec les joues, les doigts, la bouche), augmente indéniablement le champ d'investigation, puisque de nouveaux accords, voicings, conduites de voies sont possibles. Néanmoins cela ne reste qu'un outil au service de l'improvisateur. Les enjeux du "no limit" et de "l'harmonica Next Gen" dépassent largement le cadre de cette technique, qu'elle soit maîtrisée ou non.

Comment expliques-tu le fait que l'harmonica n'ait pas connu un essor plus important ?
Il s'est longtemps cantonné dans certains styles comme se fixant pour une durée indéterminée sur des rochers qui eux-mêmes seraient tôt ou tard érodés. Cela participe de son histoire mais de plus en plus joueurs l'utilisent dans des contextes encore inimaginables il y a dix ans, et c'est toujours l'un des instruments les plus vendus au monde alors on peut être optimiste. Après c'est aux joueurs de proposer et de raconter l'histoire, l'instrument n'y est plus pour grand-chose.

Avant de te quitter, pourrais-tu nous dire sans trop révéler de secrets quels sont tes projets futurs ? Tu as de nouveaux projets de collaborations ou de concerts ?
Rien de bien secret: il s'agit de terminer les mixages du second épisode de Precious Time qui sortira et de commencer l'écriture du 3ème album du Blues and Beyond Quartet (Yannick Robert à la guitare, Dominique Di Piazza à la basse et Yoann Schmidt à la batterie) avec lequel je tourne depuis plus de 5 ans maintenant. Avec ce groupe j'ai vraiment pu jouer un peu partout. Tout cela sortira sur le label Alien Beats Records qui me suit activement depuis les premiers opus du projet Precious Time et du BBQ. Avant j'emportais l'harmonica avec moi maintenant c'est lui qui me transporte et me permet de me retrouver un jour au Real World de Peter Gabriel, un autre en Asie, ou d'autres encore en Russie... Je ne pensais pas que ce petit instrument serait l'instigateur de tant de rencontres et d'aventures ! Finalement je peux dire qu'il m'a soufflé ?

Un grand merci à toi Sébastien pour ta disponibilité mais aussi pour tout le plaisir que tu nous as donné et que tu nous donneras encore au travers de ta musique. La maison Groove-Tendances est chez toi et tu reviens quand tu veux Wink
Merci à toi Alexandre et à toute l'équipe !


SEBASTIEN CHARLIER
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À l'exception des éventuelles erreurs de syntaxes ou d'orthographe, les propos recueillis dans cette interview sont restés fidèles à ceux de l'artiste.


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Message  Pierre Lun 2 Mai 2016 - 4:04

Merci à D3! L'interview est passionnant !!
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Message  P'tit Fred Mar 3 Mai 2016 - 21:29

Super, merci cheers
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Message  Musashi Ven 6 Mai 2016 - 4:28

Merci à toi D3 cheers
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Message  JersiMuse Jeu 12 Mai 2016 - 1:37

et une citation dans le journal Le Monde, si c'est pas la classe, ça ! Very Happy

https://dl.dropboxusercontent.com/u/24912403/Forum/Naseer.pdf

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Message  laurentr Jeu 12 Mai 2016 - 5:00

Joli !
Séb, c'est bien !
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Message  olb Ven 10 Nov 2017 - 21:04

Intéressant, je lis toujours avec un métro de retard...

olb

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